SYRIE - Un cessez-le-feu a été conclu à Alep après deux jours d'affrontements meurtriers entre l'armée syrienne et les combattants kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS). Mais les habitants sur le terrain oscillent entre le soulagement et la crainte de nouvelles violences, explique notre Observateur. Le 7 octobre 2025, de violents combats ont éclaté entre l'armée syrienne et les combattants kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS) dans les quartiers de Shaykh Maksoud et d'Ashrafiya, au nord d'Alep, la deuxième ville de Syrie. Ces zones à majorité kurde ont été soumises à des bombardements intensifs, selon des rapports préliminaires, qui ont fait deux morts et plusieurs blessés, y compris des civils.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont pris le contrôle des quartiers d'Ashrafiya et de Sheikh Maksoud en 2015 et ont fait de ces deux zones leurs principaux bastions dans la ville d'Alep. Depuis, elles ont établi des points de contrôle et des centres de sécurité pour assurer la protection des habitants et maintenir l'ordre local. Sous l'administration des FDS, ces quartiers ont également conservé un certain degré d'autonomie dans leurs activités sociales et culturelles. Les tensions croissantes ont été alimentées par des manifestations de résidents des quartiers kurdes protestant contre les points de contrôle qui, selon eux, ont rendu l'accès à ces quartiers difficile.
Toutefois, selon le ministère syrien de la défense, les FDS ont mené des "attaques répétées". Elles sont accusées d'avoir "creusé des tunnels et construit des fortifications" dans les quartiers nord qu'elles contrôlent. Les FDS, pour leur part, ont condamné la "répression disproportionnée" de l'armée et affirmé que l'armée syrienne "a ouvert le feu sans raison".
Ces affrontements ont eu un impact sur les civils, a expliqué Omar Assad, un militant d'Alep :
"Les personnes qui travaillent à Sheikh Maksoud et vivent à Alep ne pouvaient pas rentrer chez elles. De même, ceux qui travaillent à Alep et vivent à Sheikh Maksoud ne pouvaient pas rentrer chez eux en raison de la fermeture des routes. Cette situation a duré deux jours jusqu'à ce qu'un accord de cessez-le-feu soit conclu". Les explosions ont résonné jusqu'à la périphérie de la ville, ravivant les souvenirs des batailles urbaines qui ont dévasté Alep il y a près de dix ans. Moins d'un jour après les affrontements, Damas a annoncé un cessez-le-feu, présenté comme un simple redéploiement "défensif" de ses troupes.
"Les résidents sont pris entre deux feux
Qusay al-Halabi est journaliste indépendant à Alep. Cette semaine, il a suivi les tensions et leur impact sur la population. "Après les premiers affrontements du 7 octobre, les habitants des zones contrôlées par les Kurdes se sont déplacés à pied vers d'autres quartiers d'Alep contrôlés par le gouvernement syrien, à environ 500 mètres de là. J'ai pu constater que ces déplacements étaient facilités par les forces de sécurité générale stationnées à l'entrée des deux quartiers."
"Aucune inspection ou vérification des personnes déplacées n'a été effectuée. Elles ont été autorisées à partir avec leurs affaires, mais le retour leur a été interdit pour des raisons de sécurité, d'après ce que j'ai compris du personnel posté au poste de contrôle." Selon son témoignage, des groupes kurdes ont bloqué l'entrée des quartiers dans la matinée du mercredi 8 octobre. Mais depuis le cessez-le-feu de l'après-midi, la situation s'est progressivement calmée.
"Les habitants ont pu entrer à pied dans les quartiers kurdes le 9 octobre. Des camions de nourriture arrivent et je vois maintenant des bergers quitter les deux quartiers avec leurs troupeaux pour aller paître. La situation semble s'orienter vers une désescalade". Cependant, certains civils m'ont dit qu'ils avaient décidé de quitter définitivement les lieux par crainte de nouveaux affrontements. Ils veulent mettre fin à cette instabilité qui dure depuis des mois".
Un fragile retour à la normale
Deux photos prises par notre Observateur après le cessez-le-feu montrent l'un des points de passage vers Shaykh Maksoud et Ashrafiya au rond-point de Shihan au nord-ouest d'Alep. Elles montrent des camions de nourriture et un troupeau de moutons quittant les deux quartiers, ce qui indique un retour progressif à la normale.
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