Je voudrais partager avec vous une expérience. Comme je l'écris parfois, j'aime Oscar Wilde. J'ai décidé de me rendre sur sa tombe lors d'une visite. Oui, j'ai visité de nombreux cimetières, mais celui-ci était vraiment grand, non seulement par sa superficie, mais aussi par son "casting". Il y a ici un certain nombre de personnalités qui ont influencé ma vie et ma pensée. Outre l'écrivain Oscar Wilde, il y a aussi la chanteuse Edit Piaf, le chanteur Gilbert Bécaud, le peintre classique Honoré de Balzac, le compositeur Fryderyk Franciszek Chopin, notre peintre František Kupka, le peintre italien Amedeo Modigliani, le leader du groupe "The Doors" Jim Morrison, ainsi que le peintre Camille Pissarro et bien d'autres encore. J'ai tendance à éviter les cimetières, mais parfois, lorsque je visite un cimetière, j'ai une sorte de perspective pour un moment, et je remets également de l'ordre dans mes priorités de vie. Si seulement le temps ne nous avait pas tant échappé.
Le cimetière du Père Lachaise (littéralement "père (páter) Lachaise") est le plus grand cimetière de Paris (43,93 hectares), situé dans l'est de la ville, dans le 20e arrondissement, et l'un des plus célèbres cimetières du monde. Le nom du cimetière vient du nom du Père François d'Aix de Lachaise, dont le jardin a donné naissance au cimetière. Le cimetière a été déclaré monument national le 26 juin 1993. Il compte environ 70 000 tombes et 5300 arbres.
Le terrain, situé à la périphérie de Paris, a été acheté par les Jésuites en 1626. Entre 1674 et 1709, François d'Aix de Lachaise, prêtre jésuite et confesseur du roi de France Louis XIV, y possédait une maison avec un grand jardin. Lorsque les Jésuites furent expulsés de France en 1763, le terrain devint propriété de l'État. Le cimetière a été fondé par le général Napoléon Bonaparte en 1804 et la première inhumation y a eu lieu le 21 mai 1804. Le préfet Nicolas Frochot, chargé de l'administration du cimetière, contribue à en faire la dernière demeure de la haute société. Il fait ériger des monuments, des statues et des pierres tombales dans le cimetière alors vide, confisqué à la noblesse et à l'Église lors de la Grande Révolution française. La première année, 13 tombes y furent installées, un an plus tard (1805) il y en avait 44, en 1806 49, en 1807 62 et en 1812 déjà 833.

Bons investissements et noms célèbres
En 1806, le préfet Frochot fait transférer au cimetière le cercueil contenant les restes de la reine Marie-Louise, épouse d'Henri III, découvert lors de la démolition de l'ancien couvent près de la place Vendôme. En 1817, il réussit à obtenir pour le cimetière les restes du philosophe Abélard et de sa maîtresse Héloïse ainsi que les prétendus restes de Molière et de La Fontaine. Bien que les dépouilles des deux écrivains se révèlent non authentiques quelques années plus tard, le cimetière a entre-temps gagné en notoriété. C'est ainsi qu'au XIXe siècle, il est devenu à la mode pour la haute société d'acquérir une tombe dans ce cimetière. Napoléon, lui aussi, a exprimé le souhait d'être enterré au Père Lachaise lors de son exil sur l'île de Sainte-Hélène. Cependant, Napoléon est enterré aux Invalides à Paris. En 1830, le cimetière comptait déjà quelque 33 000 tombes. Au cours de la première moitié du XIXe siècle, le cimetière a été agrandi en cinq étapes (1824, 1829, 1832, 1842 et 1850) pour atteindre les 43,93 hectares actuels et être divisé en 97 carrés.
Cadets et communards français
Le cimetière étant situé sur une colline stratégiquement élevée, deux batailles s'y sont déroulées au XIXe siècle. En 1814, le cimetière a été le théâtre d'une bataille entre les troupes russes et les cadets des écoles militaires françaises. Les Français ont été vaincus et les Russes y ont établi un camp militaire. Une autre bataille eut lieu en 1871. Les communards se sont fortifiés dans le cimetière et ont résisté aux troupes gouvernementales pendant quatre jours. Après la chute de la Commune de Paris, 147 prisonniers survivants ont été fusillés sur le mur à l'angle nord-est du cimetière le 28 mai 1871. Le mur est situé dans le quartier 97 et il y a également un certain nombre de mémoriaux aux victimes des camps de concentration nazis dans les environs.
Ce lieu sacré est un lieu de contemplation des événements personnels ou sociaux, mais il peut aussi être un lieu de repos. En effet, étant donné l'abondance de belles sculptures sous le couvert de grands arbres sur une grande surface, c'est un lieu littéralement mystique. Si vous avez un peu de temps à consacrer à Paris, ne manquez pas de le visiter.
Jan Vojtěch