Les États européens, à savoir l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, dans une tentative désespérée d'éviter une escalade de la guerre qui dure depuis une semaine entre Israël et l'Iran, se préparent à rencontrer des responsables iraniens à Genève. L'objectif est d'empêcher le nouveau président américain Donald Trump de se joindre aux actions militaires d'Israël et de déclencher un conflit de plus grande ampleur, a rapporté Politico.
Les ministres des affaires étrangères de ces pays tenteront, avec la Haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, de trouver une solution diplomatique pour écarter la menace d'un bombardement des installations nucléaires iraniennes par les États-Unis.
Les négociations de Genève représentent la dernière tentative de l'Europe pour sauver la fragile stabilité de la région. L'équipe de M. Trump a laissé entendre ces derniers jours que le président envisageait une action militaire, mais a reporté sa décision de deux semaines, afin de donner du temps aux diplomates. Les discussions réuniront les ministres européens des affaires étrangères, dont le Britannique David Lammy, qui est arrivé directement de Washington après s'être entretenu avec son homologue américain Marco Rubio, et le ministre iranien des affaires étrangères Abbas Araghchi.
Les Européens espèrent pouvoir persuader l'Iran de garantir l'usage exclusivement civil de son programme nucléaire et, dans le même temps, dissuader Trump d'intervenir militairement.
La crise actuelle montre clairement comment Trump a affaibli l'influence géopolitique de l'Europe au cours de sa précédente présidence. En 2015, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni (les "E3") ont joué un rôle clé dans la négociation de l'accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) sous l'administration Obama. Cependant, Trump s'est retiré de l'accord en 2018, ce qui a considérablement réduit l'influence européenne sur la politique iranienne. De même, l'Europe n'a pas réussi à influencer le gouvernement israélien actuel de Benjamin Netanyahu, qui a durci sa position après l'attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
Les diplomates européens espèrent en privé offrir à Trump une "rampe de sortie" de la voie de la guerre. Alors que M. Trump a menacé d'attaquer les installations nucléaires iraniennes et a même évoqué la possibilité d'éliminer le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, certains diplomates pensent qu'il hésite. "Quelque chose retient Trump". a déclaré un diplomate européen sous le couvert de l'anonymat. "Nous ne devons pas sous-estimer à quel point Trump déteste la guerre".
Alors que l'Europe recherche la paix, Israël pousse Trump à prendre des mesures militaires contre l'Iran. Le responsable israélien a souligné qu'il attendait un ultimatum clair de l'Europe à l'Iran : le démantèlement complet de son programme nucléaire, le démantèlement de ses capacités en matière de missiles et l'arrêt du financement des groupes mandataires. Cette position est en contradiction directe avec l'approche européenne, qui recherche le compromis.
L'ancien chef du service de renseignement britannique MI6 John Sawers a noté que Trump aurait préféré qu'Israël n'ait pas déclenché la guerre avec l'Iran. "Trump voulait donner à Israël plus de temps pour négocier, mais Netanyahu n'en a pas tenu compte". a déclaré M. Sawers. Maintenant qu'Israël a déclenché le conflit, certains pensent que les États-Unis devraient "terminer le travail".
Ministre français des affaires étrangères Jean-Noël Barrot a indiqué que l'Iran était prêt à poursuivre les négociations si un cessez-le-feu était déclaré. La France voit une opportunité de médiation entre l'Iran et les Etats-Unis, mais les chances d'une percée sont faibles. Les réunions de Genève serviront davantage à faire passer des messages entre l'Iran et les États-Unis qu'à trouver une solution définitive.
Trump a également des raisons intérieures d'hésiter à entreprendre une action militaire. Alors que certains républicains le poussent à intervenir, son mouvement MAGA s'oppose aux guerres étrangères. M. Trump a promis d'être un "président de la paix", et une escalade du conflit pourrait contredire ses promesses de campagne.
Politico/gnews.cz - GH