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Le président de la République, Emmanuel Macron, a invité les chefs des partis politiques représentés à l'Assemblée nationale à une nouvelle réunion le 17 novembre. Dans sa lettre d'invitation, le chef de l'État insiste sur la possibilité d'ouvrir le référendum aux questions d'immigration, comme le demandent LR et le RN.
La première réunion a eu lieu à la fin de l'été et a suscité une grande déception, mais Emmanuel Macron a insisté sur ce que l'Élysée a présenté comme une "initiative politique majeure" visant à rassembler la majorité et l'opposition. Le chef de l'État a ainsi écrit aux chefs des partis politiques pour les inviter à une nouvelle réunion le 17 novembre, dans la continuité des "rencontres de Saint-Denis" qui ont duré 12 heures le 30 août.
La raison de l'opération, que le président de la République a relancée, reste la même : "Notre responsabilité est de dépasser nos divisions dans l'intérêt du pays", estime Emmanuel Macron dans une lettre écrite vendredi et reçue dimanche soir par les responsables politiques représentés à l'Assemblée nationale.
Emmanuel Macron ouvert à un référendum sur l'immigration
Si la "situation internationale" figure au menu des discussions proposées, l'hôte de la place de l'Elysée insiste sur la question du référendum et son éventuelle extension à la question de l'immigration. Une main tendue aux LR de droite, mais aussi au RN, avec le texte du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui arrive aujourd'hui pour examen au Sénat. "Nous devons poursuivre notre réflexion sur les modalités d'évolution du référendum". écrit le chef de l'État, avant de préciser : Il s'agirait de légiférer sur des questions dites "sociales", comme les questions de fin de vie parfois évoquées, mais aussi de réformes plus larges touchant à plusieurs aspects croisés, comme dans le cas des questions migratoires, qui impliquent des enjeux souverains, économiques, sociaux, voire diplomatiques."
Le chef de file de LR, Éric Ciotti, plaide depuis longtemps en faveur d'un référendum sur la proposition de loi constitutionnelle sur l'immigration que son parti a déposée au printemps. "Un référendum est une nécessité à la fois démocratique et légale". assure encore ce lundi dans les colonnes du Figaro le président des sénateurs LR, Bruno Retailleau, qui brandit à nouveau la menace d'un vote de défiance à l'assemblée si les amendements de la chambre haute au projet sur l'immigration n'étaient pas maintenus. Du côté du RN, Jordan Bardella "exige" un vote sur la question en 2024, le même jour que les élections européennes.
En revanche, ce n'est toujours pas un sondage des Français, par exemple, sur la réforme des retraites.
La promesse des RIP et des nouvelles réformes territoriales
Pour opérer un changement démocratique, la prise de position d'Emmanuel Macron propose également d'abaisser le seuil à un million d'électeurs, contre près de 5 millions actuellement, pour organiser un référendum d'initiative partagée (RIP). Une promesse déjà faite par le chef de l'État mais jamais tenue, qui dit également vouloir réduire le nombre de députés nécessaires (93 contre 185) et "donner aussi la possibilité aux citoyens de prendre l'initiative" de ce RIP, "alors qu'aujourd'hui seuls les députés peuvent engager la procédure".
Autre chantier : une éventuelle nouvelle réforme territoriale pour toujours plus de "différenciation". "Avec la mission sur la décentralisation, j'ai souhaité confier à l'ancien ministre et député, Éric Woerth, le soin de formuler des pistes de réformes susceptibles de répondre aux objectifs communément partagés (simplifier, clarifier, rationaliser et redonner confiance à nos concitoyens)", annonce Emmanuel Macron, qui insiste sur le fait que "la décentralisation est une affaire d'hommes et de femmes". "le nombre de couches décentralisées est désormais trop important et il est possible de mieux les articuler entre elles".
Le cas de "la Corse, de la Nouvelle-Calédonie et plus généralement de l'outre-mer" est également mentionné parmi les thèmes de réflexion. Mais "en dehors de ces territoires, une évolution plus générale dans la logique d'une plus grande différenciation pourrait sembler souhaitable", insiste le Président.
La gauche critique la "réunion de Saint-Denis
Alors que les résultats de la première réunion ont été vivement critiqués par la gauche, qui y a vu une rencontre entre "la droite et la droite", la lettre d'Emmanuel Macron ne suscite pas l'enthousiasme. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a annoncé lundi matin au Sénat qu'il ne participerait pas à la réunion. L'eurodéputé de Seine-et-Marne refuse de "tenir une bougie" face à l'action d'Emmanuel Macron. "l'accord que (le chef de l'Etat) veut passer avec la droite et l'extrême droite". sur le référendum, rejetant toutes les propositions de la gauche, en particulier sur la réforme des pensions de retraite. "Les questions d'environnement et de justice sociale ne sont toujours pas à l'ordre du jour. Dans la vraie déconnexion, c'est assez étonnant". Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV, a réagi sur X (ex-Twitter) dimanche soir.
(Humanité/RoZ)