Docteur, les maux de dos ont été, sont et seront probablement un problème très répandu. Quelles en sont les causes ? Pourquoi êtes-vous sorti du système et avez-vous ouvert votre propre cabinet ?
En fait, je regrette aujourd'hui d'être sorti si tard du système. Pendant des années, j'ai travaillé à la clinique, mon travail pouvant être comparé à celui d'un ouvrier à la chaîne dans une usine. Des foules de patients venaient me voir et je faisais ce que j'avais appris à l'école de médecine. Je prescrivais des médicaments, je faisais de l'électrothérapie, je rédigeais des notes de maladie, je faisais des injections... Je soignais, je soignais, mais les patients revenaient toujours. J'ai hérité d'un classeur contenant des dossiers de personnes qui venaient pour des maux de dos depuis peut-être vingt ans. Ils étaient toujours traités, toujours malades. J'en avais assez, je me creusais la tête, "où les camarades se sont trompés. C'est alors que j'ai rencontré par hasard mon collègue, le Dr Šavlík, fondateur de la psychosomatique tchèque. Il m'a raconté une phrase mémorable :
"La maladie est l'information que l'on fait une erreur dans la vie.
Il n'est pas possible de chercher une explication à la maladie uniquement dans les radiographies, les tomodensitogrammes, les IRM ou les analyses de sang. Il est tout aussi important d'apprendre à connaître le patient personnellement, de découvrir son caractère, sa façon de vivre, de travailler, de se reposer, ses joies et ses soucis... Ce n'est que dans ce contexte holistique ou complexe que l'on peut comprendre les causes de sa maladie. C'est incroyablement simple. Les patients sont stupéfaits.
Vous êtes donc en quelque sorte psychologue ?
Je ne suis pas un psychologue qualifié, mais j'essaie d'aborder le patient d'une manière psychothérapeutique. Communiquer avec lui de manière sensible mais efficace. Beaucoup de collègues se plaignent que les patients ne leur confient pas leurs problèmes personnels. J'ai le problème inverse. Ils veulent tout me dire. Je dois les retenir. Au début de la consultation, je leur dis : "Afin de trouver rapidement la solution à vos problèmes, je vous pose toujours une question simple et j'attends une réponse simple. J'ai besoin de savoir comment il va physiquement pour pouvoir "n'a pas manqué" un problème organique. J'examinerai soigneusement le patient. Je le déshabille, j'évalue son système musculo-squelettique, je prends sa tension artérielle, j'écoute son cœur, ses poumons... comme un médecin ordinaire. Si je trouve un problème organique, je l'oriente vers un spécialiste associé. Même si nous ne sommes pas assis au même endroit, nous travaillons en équipe. Ensuite, je dois m'enquérir de son état mental pour ne pas passer à côté d'un problème psychologique grave (psychose, dépression, crise de panique...). Si un traitement psychopharmaceutique doit être mis en place, je vous mettrai en contact avec un psychiatre expérimenté. Si une psychothérapie est indiquée, je me renseigne pour savoir si le patient l'accepterait ou quel type de psychothérapie il pourrait suivre. Au Nest of Health, nous avons deux psychothérapeutes et trois psychothérapeutes qui proposent chacun quelque chose de différent : coaching, psychanalyse, KBT, techniques de psychorelaxation, training autogène... Je laisse le choix au patient. Outre l'état du corps et de l'âme, je m'intéresse à la manière dont il vit, travaille, se repose, à ses joies, ses soucis, ses relations familiales... C'est en fait un simple puzzle. La plupart du temps, j'y vois clair en une demi-heure. La façon dont une personne vit est aussi la façon dont elle se plaint, si elle ne change pas sa façon de vivre, elle peut guérir, mais c'est difficile de guérir.
Revenons aux dos - vous avez mentionné que vous avez un jour hérité d'un dossier de ces patients. Les clients s'adressent-ils à vous pour ces problèmes ?
Les patients souffrant de douleurs dorsales et articulaires sont probablement les plus nombreux. Mais l'approche psychosomatique est efficace pour tout problème de santé : non seulement l'eczéma, les ulcères d'estomac, l'anxiété, la dépression, mais aussi les maladies auto-immunes ou oncologiques graves. Elle fonctionne quels que soient l'âge, le sexe et le diagnostic. La psychosomatique n'a qu'une seule limite : elle s'adresse aux personnes désireuses et capables de prendre leur santé en main. Ils viennent me voir pour me demander des conseils sur la façon de procéder. Cela ne veut pas dire que je n'utilise pas du tout de médicaments. Si je constate qu'un patient est déprimé et qu'il ne peut pas gérer sa maladie tout seul, je lui prescris des analgésiques, des antibiotiques, des antidépresseurs... Mais j'essaie de ne les prescrire que temporairement, pour aider le patient à rebondir et à utiliser leurs effets pour changer sa vie.
Cette approche permet-elle d'obtenir un taux de réussite plus élevé ?
Cela ne dépend pas que de moi. Je ne promets ni ne fais de miracles. J'explique et je conseille aux patients comment s'aider eux-mêmes. Eh bien, quand un patient arrive et dit : "Docteur, vous seul, vous me sauverez, vous pouvez le faire ! il est clair que ses attentes sont totalement irréalistes. Je lui dirai donc : "Non, non, non, tu te trompes, tu dois aller au Très-Haut.
Je ne fais pas de promesses, je ne fais pas de miracles, je me contente d'expliquer clairement et calmement les erreurs commises par le patient.
Par exemple, dans les relations, l'exercice physique, le régime alimentaire... J'identifie la faute, je lui conseille ce qu'il doit changer dans sa vie pour s'améliorer. Ensuite, c'est à lui de décider. Parfois, ils sont déçus, car ils s'attendaient au moins à une boule homéopathique ou à une aiguille d'acupuncture. Mais je n'ai pas besoin de médiateur. Pour moi, c'est à moi de décider "juste et équitable". La maladie est en fait un miroir fixe. La question est de savoir si l'on ose s'y regarder, ou si l'on préfère "obscure" pilules.
Existe-t-il un moyen de généraliser la somatisation à une partie spécifique du corps ? Si quelqu'un dit - j'ai mal à la colonne cervicale et j'ai mal à la hanche. Le message est-il toujours le même ?
En tchèque, la somatisation est l'incarnation d'une situation de vie non résolue. Une personne a un problème dans la vie - famille, relation, stress - et ne sait pas comment y faire face.
Ce qu'une personne n'est pas en mesure de changer consciemment dans sa vie, le corps commence à le faire inconsciemment pour elle.
J'ai mal à la tête - j'en ai plein les bras. J'ai mal au dos - j'ai fait plus de bagages que je ne peux en porter. J'ai des brûlures d'estomac - elles remontent dans ma gorge... Ce sont des manifestations typiques de la somatisation, l'information que l'on fait une erreur, que l'on ne résout pas le problème de la vie.
Il ne s'agit pas seulement de stress physique, mais aussi d'inquiétude. J'explique aux patients que si une personne a des soucis et qu'elle les prend trop à cœur, cela lui pèse. Cela provoque des tensions, non seulement psychologiques, mais aussi musculaires. Il faut porter le poids, faire tout ce qu'il y a à faire et faire face. La tension musculaire elle-même consomme beaucoup d'énergie, et on se fatigue à force d'être tendu. Mais on dit aussi "fatigué de s'inquiéter". Si cela dure longtemps, la fatigue, les douleurs au cou et au dos, les vertiges, l'essoufflement, les palpitations cardiaques apparaissent... Les manifestations physiques sont fonctionnelles au début, on ne trouve généralement rien à la radiographie, au scanner, à l'analyse de sang. Mais si les problèmes fonctionnels durent longtemps, ils deviennent des problèmes organiques : arthrose, ulcères d'estomac, asthme, hypertension, crises cardiaques... Ces problèmes sont irréversibles, ils ne peuvent pas être guéris complètement. L'idéal est que le patient et le médecin détectent les signes avant-coureurs au stade des problèmes fonctionnels. C'est pourquoi j'écris des livres, je donne des conférences et des interviews. Pour que les gens comprennent ce que leur corps leur dit à travers la maladie et n'aient pas besoin d'aller chez le médecin. Dans mon cabinet, je pose à mes patients 15 questions simples pour les aider à trouver la clé de leurs problèmes de santé. (Vous les trouverez à la fin de l'interview, ndlr). Chacun peut se les poser. Après la consultation, les patients disent généralement : "Docteur, je le savais, je m'en doutais, vous venez de le confirmer."
Je dispose d'une heure pour chaque patient. C'est beaucoup. Mon approche est différente de celle d'un médecin ordinaire, qui ne s'intéresse généralement pas au psychisme et à la situation de vie du patient. Il ne s'intéresse généralement qu'à la partie du corps dont il s'occupe, guidé par son attitude : "N'apportez pas votre psyché et vos soucis personnels ici, je m'intéresse au cœur, aux poumons, à l'estomac, à la pression..." Pourtant, les personnes qui somatisent constituent la grande majorité. Elles ne vont pas voir un psychiatre ou un psychologue qui s'intéresse à leur psychisme et à leur stress. Elles ne sont pas "Fou". Ce dont ils ont besoin, c'est d'une approche psychosomatique globale. La psychosomatique n'est pas une nouveauté. C'est un retour à l'expérience et à la sagesse des médecins de famille. Un tel médecin connaissait la famille, les enfants, les grands-parents, il savait comment les choses fonctionnaient dans la famille, et lorsque quelqu'un de la famille venait le voir, il était capable très rapidement, sans enquête complexe, de replacer les problèmes de santé dans le contexte de sa vie. C'est ce qui nous manque le plus aujourd'hui.
Quel est le rôle de la génétique ?
Il existe très peu de maladies véritablement héréditaires.
Ce qui est hérité, ce sont les comportements qui conduisent à la maladie.
La patiente se plaint de douleurs à la hanche, d'arthrose, dit-elle - c'est héréditaire... sa mère et sa grand-mère ont eu une endoprothèse. Nous discutons pendant une demi-heure et il s'avère que cette dame a un mode de vie similaire : surpoids, travail physique lourd, emploi sédentaire, manque d'exercice physique, stress. Il y a un modèle de comportement qui mène à la maladie. Le caractère joue également un rôle important. Le poids, la taille, les paramètres physiques, mais aussi les traits de personnalité sont hérités. Si j'ai apporté quelque chose de nouveau à la médecine qui déconcerte les patients, c'est que je m'intéresse au caractère des parents, aux relations de la famille d'origine. C'est extrêmement important. On découvre que papa est colérique, maman hystérique, qu'il y a des disputes à la maison, que les enfants ne s'entendent pas, qu'ils vivent dans la tension depuis qu'ils sont tout petits... Ces traces émotionnelles et ces tensions sont ensuite portées à l'âge adulte, leur causant des problèmes de santé : vertiges, palpitations cardiaques, détresse respiratoire... Les constatations objectives sont normales. Il n'y a pas de problème physique. Le problème, c'est qu'ils sont là depuis leur plus jeune âge. "mettre en garde" et il n'y a personne pour leur dire "à l'aise, à l'aise !"
Comment faire une pause ?
La première étape consiste à prendre conscience du problème, à l'admettre. Il ne s'agit pas de chercher des explications uniquement dans des constatations objectives, mais d'équilibrer également le psychisme et les relations interpersonnelles. Mais la plupart des patients préfèrent une explication biologique, préférant se cacher derrière un diagnostic d'arthrite, de prolapsus discal, d'hypertension, de dépression, d'auto-immunité... plutôt que d'admettre leur propre échec. Il est plus confortable de se faire passer pour le patient, d'être soigné, traité... que d'accepter la responsabilité et de prendre soin de soi. Je ne donne pas de diagnostic aux patients. Je les enlève. Je les renvoie aux problèmes de leur vie.
Je ne ferai pas de vous un patient, je vous expliquerai ce que vous devez faire pour être en bonne santé et ne pas être un patient.
Dans un cabinet médical classique, on vous interrogera surtout sur les maladies de vos parents, mais pas sur leur caractère ni sur le type de relation que vous entretenez avec eux. Parfois, les patients ne sont pas du tout en mesure de décrire la nature de leurs parents. Par exemple, un cadre supérieur vient vous voir et vous découvrez qu'il n'a aucune relation avec ses parents. C'est typique des psychopathes (j'en parle en détail dans mon livre Ce sont tous des psychopathes, mais je suis un avion.). Dans leur famille d'origine, les relations ne fonctionnaient pas, le père était colérique, la mère était froide, ils ne connaissaient pas la compassion, ils ne pouvaient pas accepter ou donner de l'amour. Ils sont insouciants, sans cœur, prédateurs, infirmes. C'est le problème de nombreux hauts responsables et hommes politiques. Un système social basé sur la prédation, l'impitoyabilité et l'individualisme les attire comme les guêpes sur le miel. Ils continuent à le développer. Nous vivons à l'ère des psychopathes.
Conseils en conclusion - comment préserver sa santé ?
Cela fait des années que je conseille les gens sur la manière de procéder, tout au long de ma vie médicale. Je leur dis : "Vous devez faire du sport, vous détendre, faire des exercices de respiration, chanter : Vous devez faire du sport, vous détendre, faire des exercices de respiration, chanter, cultiver des relations, vous réunir, ne pas rester assis devant l'ordinateur toute la journée...
Article publié avec l'aimable autorisation de l'auteur du magazine Sphere
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